• Moulin à vent

     

    Moulin à vent


    Le moulin à vent est une installation destinée à produire de l'énergie méca
    nique à partir du vent. C'est l'ancêtre de l'éolienne, il était utilisé pour moudre les céréales, assécher les polders ou produire de l'huile.


    Plan d'un moulin :

     

    1 - Chapeau : C'est le toit ou la calotte du moulin à vent. Dans le cas du moulin à tour, il est mobile et glisse sur un chemin dormant. Celui-ci est soit une sorte de rail en bois, ou bien un système formé de patins glissant dans une entaille creusée dans la pierre du corps du moulin. Pour résister aux vents violents, le chapeau conique ne déborde pas de la tour.

    2 - Fût : C'est le nom donné à la tour qui constitue le corps du moulin. Elle peut être :

    - cylindrique (forme la plus ancienne et la plus répandue en France).

    - tronconique (généralement du XIXe siècle) à l'intérieur un plus vaste espace de travail destiné à recevoir plusieurs paires de meules.

    - polygonale, souvent à huit côtés.

    3 - Queue : Aussi appelée guivre ou gouvernail, cette longue tige de bois, solidaire du chapeau, permet au meunier d'orienter les ailes face au vent.  Au fil du temps, elle a pu être remplacée par un système de chaîne sans fin, agissant par un jeu d'oignons sur une crémaillère ou par une manivelle fonctionnant sur le même principe.

    4 - Ailes : Elles sont quatre et constituent le moteur du moulin à vent. Chaque aile est composé d'un axe médian, la vergue, qui supporte des barreaux transversaux. Sur cet ensemble, le lattis, on tend les toiles, deux par aile, en lin ou en chanvre.

    5 - Arbre-moteur : Axe en bois qui est l'élément essentiel du moulin. Il transmet l'énergie diffusée par le mouvement des ailes aux meules, grâce à un système d'engrenage. La tête de l'arbre est traversée par les vergues des ailes.

    6 - Rouet : C'est la partie de l'arbre-moteur. Cette grande roue dentée est située sur le même plan que les ailes. Au contact de ses dents en bois appelées alluchons, elle entraîne un engrenage horizontal : c'est le système du renvoi d'angle.

    7 - Lanterne : Appelée aussi pelote ou fusée, elle est constituée de 2 plateaux circulaires en bois reliés par 7 ou 9 fuseaux et transmet le mouvement du rouet aux meules.

    8 - Meules : Elles fonctionnent par paire. La fixe est nommée "dormante" ou "glissante" en dessous, la mobile "volante" ou "vivante", au-dessus.

    9 - Gros fer : C'est l'axe métallique, solidaire de la lanterne. Il transmet le mouvement à la meule mobile, quand il n'y a qu'une paire de meules, ou au hérisson, une grande roue dentée qui sert d'intermédiaire quand il y a plusieurs paires.

    10 - Trémie : Placé au-dessus des meules, ce gros coffre en bois en forme d'entonnoir, contient les grains avant qu'ils ne s'écoulent pour être broyés.
    Il est équipé d'une clochette qui tinte pour avertir lorsqu'il est presque vide : les meules ne doivent jamais tourner à sec.

    11 - Blutoir : Grand moule tapissé de soies, les laizes dans lequel la farine et le son sont tamisés pour être triés au sortir de la meule.

    12 - Goulotte : C'est un tuyau de bois par lequel s'écoule la farine jusqu'au rez-de-chaussée où le meunier la met en sacs.

    Source : Détours en France - Mars 2006 - N°104

     


    Origines :

    Comme beaucoup d'autres inventions arrivées en Europe, les moulins à vent seraient d’origine orientale. D'après certains, les Égyptiens les auraient connus plus de mille  ans avant J.C. Mais plus généralement on admet que les Arabes les ont hérités des Persans ou des Chinois. 
    Le Séistan, région aride d’Iran et d’ Afghanistan connaissait le moulin à vent dès le VIIe siècle. Toutefois, ce moulin prototye ou moulin persan
    est très différent des nôtres. L’arbre principal était vertical, et les pales étaient en matière végétale. Elles faisaient tourner la meule située à l'extrémité inférieure de ce même arbre. Il en existe encore de nos jours, dans cette région.
    En Angleterre, la présence d'un moulin est signalé dès l'an 870 à l'abbaye de Croyland. Mais d'autres sources anglaises attestent qu'avant le XII siècle, les moulins en Angleterre étaient soit à eau, soit de sang (chevaux).
    L’arrivée en France des tours ailées ou moulins turquois, a suivi le retour des Croisés de Terre Sainte. C’est entre cette époque et la fin de la guerre de cent ans que sont apparus les moulins à vent dans la plupart des provinces Françaises en commençant par la Provence.
    Les "statuts de la République d'Arles" promulgués par l'archevêque entre 1162 et 1180, mentionnent pour la première fois en Occident l'activité de moulins à vent.
    Quelques années plus tard, le "Péage de Tarascon" confirme le fait.
    Les premières illustrations connues dans l'état actuel des recherches remontent à 1270 dans le vieux rentier d’Audenarde ( représentation d'un moulin à vent et à eau ) et le psautier de St-Vaast d’Arras . Elles représentent toujours des moulins sur pivot. A cette époque, le moulin est déjà très répandu : un acte de 1251 en cite 21 dans la région du Nord autour de St Omer & Cassel.

    Une autre théorie s'affronte aux autres. Elle n'est pas sans intérêt. L'origine des moulins à vent en France serait du fait des charpentiers de marine. A cela plusieurs arguments. 
    -  Ils connaissaient comment utiliser les vents.
    - Le renvoi d'angle n'existait pas à cette époque sur les moulins d'Orient. Pourquoi les premiers moulins en France n'étaient pas verticaux ?
    - Et surtout, la forme des voilures ressemblant pour beaucoup à celle des bateaux. Au Nord, des voiles rectangulaires ( bord d'Atlantique, Angleterre, Belgique ) et au sud ( Grèce, Portugal ) des voiles triangulaires comme celle des felouques et des pointus à voile latine que l'on retrouvent en méditerranée.

    Cet édifice était très présent dans les campagnes jusqu'à la fin du XIXème siècle.

    Peu d'écoliers ignoraient autrefois le fameux "Meunier tu dors". Le meunier des campagnes n'avait pas toujours très bonne réputation, il était souvent soupçonné de mile mesquineries, des plus courantes comme mouiller la farine aux plus importantes comme l'espionnage. Généralement cet édifice était situé à quelques kilomètres du villages et des chemins, aussi c'est sa silhouette qui a provoqué l'hallucination devenue mythique de Don Quichotte.

    Sous l'Empire la distance réglementaire fut établie à au moins 70 mètres de la route du fait que l'ombre des voiles apeurait les chevaux.

    Un moulin s'accompagne aussi de nuisance sonore, de ce soit le vent dans la toile des pales, les craquements de la charpente sous les efforts développés par la rotation de la meule. Au XVIIIème siècle Cassini (qui est l'auteur des premières cartes de France) utilisa les moulins à vent comme principaux points de repères.

    Aujourd'hui la majorité sont en ruines, dans un site exceptionnel, sont transformés en musée, gîte d'étape ou demeure particulière.

    Les moulins à vent dans le Berry

    Il existait plus d'une centaine de moulins à vent au XIXème siècle dans le Berry. 75 dans l'arrondissement de Bourges, 14 pour Sancerre, 52 pour ST Amand et lpus de 16 pour Néronde. Il y aurait eu 110 moulins à vent en 1850, d'autres ayant été construit plus tard comme c'est le cas pour Buzançais, Cuffy, Levet et St Loup des Chaumes. Près d'une trentaine existe encore aujourd'hui.

     

    La caractéristique principale de ces moulins est que parmi eux, à l'exception de 3, tous sont identiques : mêmes mensurations, même emplacement des ouvertures, même hauteur… Plus surprenant encore, le moulin de Nouan est une copie parfaite du moulin de Véreaux (près de Sancoins) distant de 70 km, alors que ce dernier n'a rien de comparable avec ses proches voisins de St Pierre le Moutier datant de la même époque, mais séparés par la frontière de Berry et du Nivernais.

    Il y a donc un moulin type du Berry : moulin tour à farine, en pierre, chaque porte opposée (orientée nord et sud) est surmontée de deux petites fenêtres, le toit est tournant, les chevrons de la toiture sont flottants et glissants, la lucarne à 3 pans et 2 joues, les ailes sont à voiles. L'ensemble est trapu. La plupart de ces moulins est jumelée avec un moulin à eau en contrebas. Ils semblent correspondre à une idée avancée par le statisticien du Cher Bruhau de Kelser et du prefet de l'Indre D'Alphonse qui suggéraient en 1805 de remplacer les moulins à eau (cause de perpétuels problèmes d'inondation de pré, de retenu d'eau…) par des moulins à vent.

    Moulin de Nouan :


    Situé dans l'Indre, il est la propriété de la famille Guyard. Le moulin date de 1810, il a été restauré en 1986. La charpente est d'origine mais le mécanisme date de la restauration du moulin. Il est ouvert au public sur rendez-vous par des bénévoles (2,5 euros).


  • Commentaires

    1
    Marilou
    Lundi 1er Septembre 2014 à 12:15
    Bonjour, écrivant un livre sur un personnage né en 1789 et ayant traversé la première moitié du XIXe siècle, je souhaite savoir combien je vous devrais pour avoir le droit d'utiliser votre illustration sur la structure du moulin. merci pour votre réponse. Bravo pour ce travail très instructif. Bien à vous, Marilou
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